A l’automne, TEREO a participé au comptage des œdicnèmes criards dans l’est lyonnais aux côtés de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) Rhône, l’APIE (Association Porte de l’Isère Environnement) et de Steve Augiron (responsable du Programme National Œdicnème Criard). Ce suivi, centré sur les rassemblements post-nuptiaux, s’est déroulé dans un contexte péri-urbain, marqué par de vastes zones industrielles et de nombreux bâtiments d’entreprises parfois très proches des habitations, où la biodiversité se heurte à d’importantes contraintes territoriales pour accéder aux espaces de reproduction, de repos et d’alimentation.
L’œdicnème criard (Burhinus oedicnemus)
Cet oiseau singulier, perché sur ses grandes pattes jaunes, et vêtu d’un plumage brun strié de brun foncé, se reconnaît surtout à ses grands yeux jaunes. Ce limicole terrestre est adapté aux milieux secs et caillouteux, notamment les milieux agricoles avant le développement des semences. Son plumage cryptique lui confère un atout précieux dans son habitat de reproduction : le camouflage !
Aux mœurs nocturnes, il passe la plupart de la journée tapi au sol, où il est quasi invisible pour des yeux non avisés. Pour nicher, il creuse simplement une petite cuvette à même le sol, sur un terrain dégagé et pierreux. Les œufs, eux aussi très discrets, s’avèrent difficiles à détecter.

Revenons à l’est lyonnais !
Face à l’urbanisation grandissante, l’œdicnème criard a adopté une stratégie pour le moins inattendue : il investit les toits des grands entrepôt en zone artisanale. Souvent vastes et plats, ces toits offrent surtout un abri aux dérangements venus du sol, qu’ils soient humains ou animaliers. Ainsi, un cas de reproduction a été relevé en 2024 par la LPO Rhône et l’APIE sur un toit plat d’un bâtiment logistique, composé d’un revêtement goudronné.

À l’automne, des rassemblements d’individus, parfois de plus d’une centaine, se forment en prévision de la migration. C’est le moment idéal pour effectuer des comptages et évaluer la taille des populations locales. Ces rassemblements se font en journée, pour le repos, et semblent, selon le retour des suivis menés dans le cadre du programme national sur l’espèce (PNO), être maintenant principalement sur les toits de grands entrepôts industriels, avant de gagner les champs et friches alentour le soir venu pour s’alimenter.
Le 21 septembre 2024, le PNO a organisé une session de comptage sur les bâtiments, en partenariat avec la LPO Rhône, l’APIE et TEREO. TEREO a apporté son expertise et ses compétences en vol de drone. Après une déclaration de vol en préfecture au préalable, les bâtiments industriels ont été inspectés avec notre DJI MAVIC 3T. Toutefois, le survol direct des bâtiments a été évité pour ne pas effaroucher les œdicnèmes au repos. Les vols ont donc été réalisés de façon transversale, le long des limites des propriétés des entreprises. L’APIE et la LPO s’étaient chargées de contacter les diverses entreprises pour obtenir leur autorisation de survol. Le comptage s’effectuait en direct grâce au retour vidéo sur la télécommande du drone.


Ce que vous attendez tous : les résultats du comptage !
Au total, 48 individus ont été recensés sur l’ensemble des toits expertisés, soit environ une quinzaine de bâtiments. Sur l’un d’entre eux, on a pu observer jusqu’à 33 individus. Cependant, ces effectifs restent inférieurs à nos prévisions, ce qui suscite des interrogations. La multiplicité des entrepôts favorables dans les zones artisanales peut favoriser la dispersion des oiseaux en petits groupes. D’autant plus que les comptages au sol réalisés dans les cultures la semaine précédente se sont également révélés inférieurs aux attentes. L’utilisation du drone s’est avérée très utile et assez simple pour détecter ces limicoles sur des surfaces planes, de couleur unie et faisant bien ressortir leurs silhouettes. En vol latéral, sans dérangement constaté sur les individus, la méthode s’avère donc parfaitement adaptée !
Fabrice CHEVREUX